L’eau embouteillée : pas si pure que ça (étude)

Agir pour l’Environnement, une association nationale de mobilisation citoyenne « en faveur d’une planète vivable », a publié cet été une étude qui évalue la présence de microplastiques dans les eaux embouteillées les plus vendues dans l’Hexagone. Comme vous allez pouvoir le constater, l’eau embouteillée n’est pas si « pure » que ça. Explications…

Jusqu’à 121 microparticules par litre d’eau embouteillée

Début 2022, Agir pour l’Environnement a mandaté la laboratoire Labocéa pour évaluer la quantité de microparticules dans les eaux Badoit, Carrefour, Cristaline, Evian (50 cl et 1 litre), Perrier, Vittel (33 cl et 1 litre) et Volvic. Le rapport « Nous buvons du plastique » (que vous pouvez consulter ici) a été rendu public le 20 juillet 2022, avec des conclusions pour le moins inquiétantes :

• 78 % des eaux testées contiennent des microplastiques ;
• Le laboratoire a détecté entre 1 et 121 microparticule(s) de plastique par litre selon les marques ;
• Quatre types de microplastiques ont été mis en évidence : le Polypropylène (PP), le Polyéthylène (PE), le Polyéthylène Téréphtalate (PET) et le Polyuréthane (PU) ;
• Les microplastiques proviennent de la bouteille, mais aussi du bouchon et du processus d’embouteillage.

Nous ingérons 5 grammes de plastique par semaine

De manière étonnante, c’est une bouteille d’eau pour les enfants, la Vittel Kids, qui détient le triste record du nombre de microplastiques parmi les marques évaluées, avec 121 microparticules par litre. « *A raison de 131 litres d’eau embouteillée consommées par an, un enfant est donc susceptible d’ingérer près de 16 000 microparticules chaque année* », peut-on lire dans le rapport. La deuxième place est occupée par l’eau plate Cristaline avec 8 microparticules par litre, puis la bouteille Vittel d’un litre avec 5 microparticules par litre.

Comme l’explique le laboratoire de recherche, les bouteilles d’eau peuvent relarguer davantage de microplastiques lorsqu’elles sont soumises à de fortes chaleurs. Le vieillissement, l’usure, l’épaisseur du plastique et l’abrasion sont également des facteurs qui exacerbent la dégradation des plastiques en particules micro et nanométriques. Nous en parlons dans notre guide sur la réutilisation des bouteilles en plastique.

Plus largement, nous ingérons en moyenne 5 grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit, essentiellement via l’eau embouteillée, le sel, les produits de la mer et la bière.

Pour Agir pour l’Environnement, « il est inacceptable de laisser les industriels de l’eau embouteillée vendre une eau polluée aux microplastiques, mais présentée comme soi-disant ‘pure’ et en plus 300 plus chère que l’eau du robinet ! L’Etat doit protéger notre santé et l’environnement, en priorité celle des enfants […] en commençant par interdire les bouteilles en plastique ».

Qu’est-ce que les microplastiques ?

Comme leur nom l’indique, les microplastiques sont de minuscules particules de plastique (moins de 5 millimètres de diamètre). On en distingue deux catégories :

• Les microplastiques primaires sont destinés à un usage commercial. On les retrouve dans les textiles, les filets de pêche et les cosmétiques.
• Les microplastiques secondaires qui résultent de la dégradation d’articles en plastique plus volumineux, notamment les bouteilles d’eau, à cause de l’exposition au rayonnement solaire et aux vagues de l’océan, entre autres.

Les microplastiques peuvent mettre des centaines, voire des milliers d’années à se décomposer. Dans les océans, ces particules issues des bouteilles d’eau et d’autres articles jetables comme les pailles et les gobelets en plastique sont consommées par les animaux marins, des planctons jusqu’aux baleines.

La pollution est telle que l’on retrouve aujourd’hui des microplastiques dans les fruits de mer que nous consommons. Si la science tente toujours de quantifier les dangers des microplastiques pour l’Homme, une résolution des Nations Unies (2017) invite les Etats à agir « contre le danger des microplastiques pour les océans, la faune, la flore et la santé humaine».

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